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Encres de tatouage couleur : résumé d’une année sous haute tension

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Après des mois d’incertitude et de longues nuits d’insomnie pour tous les professionnels et les amoureux du tatouage couleur en France, la nouvelle tombait enfin, relayée par votre site d’information : la France gardera le droit de tatouer en couleur ! Alors que les médias français, du Monde au Figaro en passant par TF1 et Europe 1, relaient l’information, Tattoos.fr revient sur le déroulement de l’affaire, pour ceux qui n’auraient pas tout suivi. Histoire de commencer l’année 2014 en beauté.

La crainte de 2014

Neuf mois. Neuf longs mois que le monde du tatouage, avec, au premier rang, ses 3 500 à 4 000 professionnels, retenait son souffle. L’objet de toutes ses peurs ? Le 1er janvier 2014, date de mise en marche d’un arrêté interdisant formellement l’usage de la majorité des encres de tatouage couleur sur le territoire français.

Un amalgame absurde

A l’origine, il y a un texte de 2001, élargissant au tatouage couleur un principe de précaution appliqué à certains produits cosmétiques comme les shampoings. Dans le jargon, c’est bien ce qui s’appelle mélanger les torchons et les serviettes. Les tatoueurs grincent des dents et les mots se posent peu à peu sur les sentiments : clandestinité. Exil. Illégalité.

Quelques dermatologues contre les encres de tatouage couleur

Et tandis que ressurgit un texte vieux de plus de dix ans, l’année 2013 voit aussi une poignée de dermatologues s’élever contre ce même tatouage en couleur, pointant du doigt les risques d’allergie et autres réactions néfastes. Réactions anecdotiques, comme s’évertueront à le rappeler les professionnels du tatouage. Mais ces attaques, si elles demeurent isolées, n’arrangent en rien les affaires des tatoueurs de France, paniquant de plus en plus à l’idée de voir toute la profession chamboulée.

Un délai de neuf mois obtenu par le SNAT

Alors que l’arrêté est promulgué au journal officiel le 6 mars 2013, le SNAT (Syndicat national des artistes tatoueurs) obtient, un mois plus tard, un délai d’application de neuf mois. Neuf mois pour montrer que non, le tatouage en couleur n’est pas aussi dangereux, aussi nocif que les déclarations de certains dermatologues veulent bien le faire croire. Si le gouvernement n’a pas d’autre choix que d’appliquer la législation européenne, il s’agit, pour la communauté du tatouage, d’agir vite, et d’agir bien.

Une pétition inattendue

Le tatouage français n’a plus d’autre choix que de se battre pour ses couleurs. Les semaines passent, les médias français écrivent la chronique d’une mort annoncée, et les résultats concluants peinent à arriver. A l’instar des plus grandes luttes, il manquait à celle-ci un symbole, un ambassadeur : ce sera Jim Appay, jeune tatoué de 20 ans qui parviendra à récolter plus de 150 000 signatures en 5 jours (!), dans une pétition poignante sobrement baptisée « Mobilisons-nous pour sauver le tatouage en couleur ».

L’association Tatouage & Partage obtient un rendez-vous au Ministère de la Santé

A ses côtés viennent s’ajouter d’autres acteurs, bien décidés à faire la lumière sur ce marasme juridique : au premier rang, Tatouage & Partage. Présidée par le tatoueur réaliste Stéphane Chaudesaigues, l’association va s’entourer d’une équipe résolue à faire bouger les choses. Dans ses rangs, le sénateur du Cantal Pierre Jarlier et son attachée parlementaire Valérie Hayer : leur précieux savoir-faire, réseau et patience serviront, entre autres choses, à obtenir un rendez-vous inespéré au Ministère de la Santé, pour défendre les couleurs du tatouage. C’est l’occasion de s’élever, une bonne fois pour toute, contre un texte au contenu ubuesque.

Un expert mandaté pour analyser un dossier complexe

En amont de la réunion, prévue pour la deuxième semaine de décembre 2013 – l’échéance se rapproche cruellement –, Tatouage & Partage dépêche Michel Jouinot, conseiller sur la législation européenne et nationale ; celui-ci parviendra à monter un solide dossier, décortiquant, analysant la situation sous toutes ses coutures. La rencontre avec la DGS (Direction générale de la santé) et l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) au ministère lui permettra d’étayer des arguments de poids.

L’issue de la réunion au Ministère

A l’issue de cette réunion entre les représentants du gouvernement et l’association, l’épilogue de l’affaire se dessine : alors que les professionnels du tatouage ont cru pendant des mois à une interdiction pure et simple de la majorité de leurs encres couleur, le Ministère assure qu’il y a eu malentendu et que le gouvernement n’a rien contre les professionnels du tattoo. Une lecture peu exigeante de la part de l’administration, doublée d’une mauvaise compréhension de la communauté tatouage, le tout monté en épingle par les plus grands médias de l’Hexagone : il n’en fallait pas plus pour provoquer une débâcle bien légitime chez les professionnels du dermographe.

Le Ministère écrit à Tatouage & Partage pour mettre un terme à la polémique

En confirmation de cet entretien des plus rassurants – le mot est faible – arrivera un courrier du Ministère, salvateur, récompensant les efforts de tout un métier : les tatoueurs pourront continuer à utiliser la couleur. Y est précisé, en effet, que le texte, objet de toutes les discordes, dresse une liste exhaustive et fermée de produits interdits ; à défaut, tous les autres produits sont autorisés, dès lors que leur fabricant a reçu une certification démontrant l'absence de nocivité du produit.

Un vrai conte de Noël pour le tatouage français

L’histoire a tout d’un conte de Noël : une fin heureuse, survenue à la fin du mois de décembre, quelques jours seulement avant que le couperet ne tombe sur toute une profession, grâce aux efforts conjugués d’une poignée d’irréductibles, bien décidés à défendre le tatouage couleur et, de façon plus générale, le corps et les libertés individuelles en France.

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